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Les Espagnols retournent aux champs
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Per la crisi, gli spagnoli tornano alla terra...

Chaque soir, dans les rues étroites d'Ubeda, enfle le grondement caractéristique de centaines de valises à roulettes que traîne une armée d'ombres. Par grappes muettes, ces voyageurs emmitouflés rejoignent leur lieu d'hébergement. Pour la plupart, direction le Palais des sports. Là, sur des matelas posés à même le parquet de handball, parfois sur de simples cartons ou recroquevillés dans les tribunes, ils tenteront de se reposer quelques heures. Ils arrivent de toute l'Espagne, non pas pour les attraits touristiques de cette cité de 35 000 habitants, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, mais pour y gagner un peu d'argent.

Début décembre, quand commence la saison des olives dans la province de Jaen, une région qui fournit le tiers de la production mondiale d'huile d'olive, les habitants d'Ubeda ont l'habitude de voir arriver les saisonniers. Après la récolte des pommes du côté de Lérida (Catalogne), puis celle des oranges à Valence, l'"aceituna" - la cueillette des olives - constitue une étape hivernale incontournable sur la route du Sud, avant de conclure le périple à Huelva, en février, quand débute la campagne des fraises.

Jamais, pourtant, Ubeda n'a connu un tel afflux. Les structures d'accueil habituelles, prévues pour 145 personnes, sont débordées. "Certains soirs, nous avons dû servir jusqu'à 700 repas", explique le président de la Caritas, Francisco Moreno, tandis qu'une file d'attente obstrue la ruelle devant le petit local de l'association. La situation est la même dans les vingt communes de la province de Jaen : les 800 places ordinairement mises à la disposition des saisonniers venus de l'extérieur sont peu de chose quand plus de 2 000 immigrés tournent depuis plus d'une semaine dans les différents villages à la recherche d'une embauche.

Tous les pays du Maghreb sont représentés, mais surtout ceux d'Afrique subsaharienne. Algériens, Ivoiriens ou Sénégalais, ils sont venus dans l'espoir de quelques jours de travail. Ils savent désormais qu'ils vont devoir repartir bredouilles. "Depuis dix ans, beaucoup d'étrangers participaient à la campagne de l'"aceituna", mais cette année, avec la crise, les chômeurs du bâtiment ont repris le chemin des champs", explique Marcelino Sanchez, le maire d'Ubeda. En 2007, Alassam, un Malien de 45 ans, a travaillé un mois dans une oliveraie : "Je suis retourné voir mon patron, il m'a dit que cette année les Espagnols veulent le travail, c'est pour ça qu'il ne peut pas me prendre."

A la coopérative L'Union, la plus importante d'Ubeda avec 1 500 agriculteurs associés, le directeur commercial, Antonio Guzman, confirme "le retour des travailleurs nationaux dans les "cuadrillas"". Il explique que ces équipes de cueillette ont été constituées depuis septembre-octobre, en majorité par des travailleurs du coin, et par des Marocains ou des Roumains dans le cadre de contrats passés avec les pays d'origine. C'est en vain que les autorités andalouses ont fait savoir, cet automne dans toute l'Espagne, qu'il n'y aurait pas de recrutements sur place pour la campagne 2008-2009.

Pour les centaines de migrants qui se bousculent depuis fin novembre à la gare routière d'Ubeda, point de rencontre habituel avec les "capataces" (contremaîtres) à la recherche d'un appoint de main-d'oeuvre, l'accueil est sans équivoque. Des affichettes expliquent, en français, en espagnol et en arabe, que "la campagne de cueillette n'a plus besoin d'employés", "que les services humanitaires mis en place ces derniers jours ne peuvent plus continuer" et que des tickets gratuits d'autocar sont à disposition "pour vous aider à rentrer dans vos lieux de résidence habituels".

Entre deux réunions de crise, le maire socialiste d'Ubeda justifie : "Ce n'est pas la peine d'entretenir de faux espoirs. Nous avons averti le gouvernement provincial que nous ne pouvons pas tenir plus longtemps dans une telle situation d'urgence humanitaire." A cause de la pluie, qui n'en finit pas de noyer les oliveraies, le coup d'envoi de la saison est retardé de jour en jour.

Du coup, malgré les difficiles conditions de vie, les immigrés patientent. Sait-on jamais. "Comment peuvent-ils dire qu'il n'y a pas de travail puisque la campagne n'a pas commencé ?" s'étonne Ahmed, 28 ans, un Ivoirien venu de Valence "pour payer (son) loyer".

Les élus d'Ubeda ont pressenti l'ampleur de la difficulté le jour où ils ont vu arriver "cinq autocars complets" de la région de Valence. Là-bas, les exploitations agricoles ont suspendu la récolte des oranges et des citrons, en raison du mauvais temps, mais surtout à cause des prix trop bas du marché qui rendent la cueillette non rentable.

Concurrencé par la main-d'oeuvre autochtone, le petit peuple de la gare routière se sent dans une impasse à Ubeda : "Nous allons de ville en ville, mais partout, c'est la crise, c'est la misère", souffle Babacar, un jeune Sénégalais assis sur la valise qui contient tout son patrimoine.

Moins résigné, Abdellaziz, un Algérien qui réside depuis six ans à Tarragone (Catalogne), montre sa carte de séjour et son permis de travail : "Où est le travail ? C'est la crise pour les étrangers, pas pour les Espagnols." Ce ne sont pas encore les olives de la colère, mais il y a de la rancoeur dans les confidences échangées. "Un chien est mieux traité que moi dans ce pays", s'énerve le Camerounais Nicolas, 29 ans, licencié il y a huit mois d'une fabrique de palettes à Madrid. Les bruits les plus invérifiables circulent d'un groupe à l'autre : des Roumains auraient accepté de travailler pour 2,40 euros de l'heure, des petites annonces rechercheraient "des Espagnols en bonne santé", etc.

Les deux tiers des immigrés bloqués à Ubeda n'ont pas de papiers. "Raison supplémentaire pour qu'ils ne trouvent pas d'embauche, affirme M. Sanchez. Le contrôle du travail au noir a considérablement augmenté ces dernières années, à la fois par le nombre des inspecteurs présents dans les champs et le montant des amendes." Parfois, au bas des marches de la gare routière, une automobile s'arrête. Des pourparlers s'engagent alors par la vitre baissée. "Hier, ils en ont pris quatre", dit quelqu'un. A quelles conditions ? Le maire reconnaît que certains exploitants ont tendance à profiter de la situation, "mais ils sont très minoritaires".

Jean-Jacques Bozonnet

Source >
Le Monde | dec 10


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