Le Monde 13 Gennaio 2011
Egregio direttore,De son côté, la présidence française a annoncé que le chef de l'Etat s'était entretenu avec son homologue syrien "des développements intervenus au sein du gouvernement libanais". Nicolas Sarkozy "a réaffirmé son soutien aux autorités et aux institutions libanaises" et "souhaité que la concertation internationale contribue à aider les Libanais à surmonter cette phase délicate dans le plein respect des institutions démocratiques libanaises, de l'indépendance du Liban et de ses engagements internationaux", précise un communiqué.
Le tribunal Hariri dans la ligne de mire. La démission du bloc du 8-Mars trouve sa source dans les accusations que devrait lancer les prochains jours le Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Le Hezbollah s'attend que certains de ses éléments soient mis en accusation par le TSL dans le meurtre en 2005 de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri. Le parti chiite avait donné un délai "de quelques heures" au gouvernement de Saad Hariri pour prendre une décision concernant "ce tribunal qui divise le pays". Mais Saad Hariri est actuellement en visite à l'étranger. Il était d'ailleurs à Washington, avec Barack Obama, quand il a appris la démission des ministres du bloc du 8-Mars.
En clair, le Hezbollah attendait de la part du premier ministre et de sa coalition, le bloc du 14-Mars, un désaveu du tribunal spécial. Le bras de fer dure depuis la constitution du gouvernement entre Saad Hariri, qui refuse tout compromis sur le tribunal, et le parti chiite, qui accuse cette instance d'être "à la solde d'Israël et des Etats-Unis" et de s'être basé sur de "faux témoins".
Saad Hariri en position délicate. "Le 'timing' de l'annonce de la démission est symbolique car ils (le Hezbollah et ses alliés) veulent que M. Hariri se réunisse avec M. Obama en tant qu'ex-premier ministre", a affirmé à l'AFP Moustapha Allouch, membre du conseil politique du mouvement de M. Hariri. "Mais ils veulent surtout que cette annonce soit une claque pour les Etats-Unis", a-t-il ajouté.
"Tous leurs scénarios visaient à faire plier M. Hariri pour qu'il désavoue le tribunal, et quand ces scénarios ont échoué, ils ont déclaré une guerre politique contre lui aujourd'hui", a affirmé de son côté à l'AFP Mohammad Rahhal, ministre de l'environnement proche du premier ministre. "Le but de cette démission est de paralyser l'Etat en vue de détruire le tribunal international", a-t-il estimé, ajoutant que "ces tentatives n'aboutiront pas".
L'impasse actuelle rappelle celle de 2006, lorsque les six ministres du Hezbollah et de leurs alliés avaient démissionné du gouvernement de Fouad Siniora, un proche de Saad Hariri, sur fond de crise sur le partage du pouvoir et des divergences concernant l'établissement d'un tribunal international pour juger les assassins de Rafic Hariri. Cette démission avait provoqué une crise de près de deux ans et mis le pays au bord d'une nouvelle guerre civile en mai 2008, avec des affrontements jusqu'au cœur de Beyrouth entre les partisans de M. Hariri et ceux du Hezbollah (près de cent morts).
L'échec de la médiation internationale. L'Arabie saoudite, qui soutient Saad Hariri, et la Syrie, qui soutient le bloc du 8-Mars, ont tenté en vain de trouver un compromis pour apaiser les tensions.
Mais le Hezbollah et ses alliés accusent le premier ministre libanais d'avoir empêché un accord, sous pression de Washington. Mohammad Fneich, ministre du Hezbollah, a directement accusé les Etats-Unis d'entraver les efforts saoudiens et syriens. "Des efforts arabes nous offraient la chance de travailler d'une manière positive. Ces efforts n'ont pas abouti en raison de l'intervention américaine", a-t-il dit.
Source > Le Monde