C’est pourquoi il y a fort à parier que les dirigeants européens et le FMI arriveront à se mettre d’accord pour que la Grèce reste dans l’euro et ne fasse pas défaut. En absence d’accord, le veau d’or s’effondrerait, ce qu’ils ne sont pas prêts à accepter. Du coup, ils feront tout pour prolonger cette malheureuse expérience, sans se poser la question de la viabilité à long terme de la zone euro. Il est plus que probable que les gouvernements prendront la décision politique de continuer.
Pourtant, la potion amère que va sans doute avaler la Grèce n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. Ce n’est pas tout que les Etats trouvent le moyen de boucler la trésorerie grecque pour les deux prochaines années. Si, entre temps, le PIB a reculé du fait de la politique de rigueur, et que la dette s’est encore largement accrue, même avec un déficit largement réduit, la situation restera instable et très fortement soumise aux mouvements des taux d’intérêt.
Dans quelques années, l’ensemble des pays de la zone euro auront une dette beaucoup plus lourde. Du coup, ce qui se passe aujourd’hui n’est qu’une pâle répétition de l’avenir. Imaginez des économies européennes après trois ans de rigueur, une absence de croissance, un chômage de masse et un poids de la dette encore plus important. Et quand on voit la difficulté des pays européens à trouver une réponse à la crise, il est évident que si l’euro n’explose pas cette année, il le fera plus tard.
Un ami blogueur racontait hier que le sort de l’euro pourrait bien lui faire gagner une belle bouteille. Mais si la fin a commencé, je crois que l’attachement à l’euro est trop fort et qu’il faudra attendre encore quelques mois, voir quelques années pour qu’il explose en vol, peut-être trop tard pour son pari.
Laurent Pinsolle | Vendredi 30 Avril 2010
Source > Marianne2