L'objectif est fixé : le réseau ferroviaire à grande vitesse devrait être doublé d'ici à 2020. Pour y parvenir, il faudra lancer 2 000 km de lignes nouvelles. A une échéance lointaine, ce sont 2 500 km qui devront être engagés. Après l'adoption, le 23 juillet, de la loi de programmation du Grenelle de l'environnement, le gouvernement veut amplifier les projets d'investissements dans le ferroviaire. A la fin juillet, plusieurs décisions ont été prises pour donner le coup d'envoi ou accélérer les projets concernant la poursuite des liaisons vers la Bretagne, le Sud-Ouest, le TGV Est, l'Espagne, la Côte d'Azur ainsi que l'interconnexion en Ile-de-France. Un schéma national des nouvelles infrastructures de transport devrait être adopté d'ici à la fin de l'année.
Après celle du fret en 2003, l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire des voyageurs, à partir de décembre, marque la fin du monopole de la SNCF et l'arrivée de compagnies publiques ou privées. Ce changement majeur impose de moderniser le réseau et de renforcer les liaisons vers les pays voisins, notamment l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne. Alors que les études de la ligne Lyon-Turin se poursuivent, deux extensions devraient être achevées d'ici à 2011 : entre Perpignan et Figueras (Espagne) et la première branche de la ligne Rhin-Rhône entre Dijon et Mulhouse.
Le financement de ces projets devrait être au total de 70 milliards d'euros, en grande partie assuré par Réseau ferré de France (RFF), gestionnaire du réseau. L'Etat, qui a prévu de consacrer 16 milliards d'euros à ce programme, a sollicité les régions et les collectivités locales pour un montant identique. Et par là même relancé la polémique sur la prise en charge des grands équipements (universités, transports, plan de relance...).
La LGV Bretagne-Pays de Loire. La prolongation de la ligne du TGV Atlantique est le projet le plus avancé. Pour un montant évalué à 3,4 milliards d'euros, la construction de 182 km de lignes nouvelles et 32 km de raccordements devrait permettre un gain de 37 minutes entre Paris et Rennes, en 1 h 26. La liaison vers Nantes devrait aussi être réduite de 8 minutes, soit 1 h 52, mais c'est surtout l'ensemble des autres villes de Bretagne qui sera raccordé, notamment Brest et Quimper, à 3 heures de la capitale. Pour la réalisation de cette infrastructure, RFF a lancé une procédure de partenariat public-privé (LPP) avec les groupes Bouygues, Eiffage et Vinci. Signé le 29 juillet, le protocole de financement associe RFF (40 %) ainsi que l'Etat et les collectivités locales à parts égales : le conseil régional de Bretagne avec les 4 départements bretons, les villes de Rennes et de Saint-Malo, pour 896 millions d'euros, et celui des Pays de Loire (94 millions d'euros). Avec le lancement du chantier prévu en 2010, la mise en service devrait intervenir à partir de 2014.
La ligne Sud-Europe-Atlantique (SEA). De Tours à Bordeaux, la prolongation de la liaison vers le sud-ouest est à la fois la plus longue et la plus controversée. Evalué à 16 milliards d'euros, ce projet débute par un tronçon central de 302 km qui permettra, d'ici à 2016, de réduire le trajet actuel Paris-Bordeaux de 55 minutes, soit 2 h 05... Ce programme intègre les prolongements de trois branches : de Bordeaux vers Toulouse ainsi que vers l'Espagne, et le raccordement Poitiers et Limoges.
Appelées à cofinancer ces ouvrages, les régions d'Aquitaine, de Poitou-Charentes et de Midi-Pyrénées veulent obtenir de l'Etat l'assurance que ces investissements seront bien engagés concomitamment. La construction d'une nouvelle ligne à travers le pays basque est vivement controversée par les maires des 29 communes concernées. Le 2 juillet, ils ont réaffirmé leur opposition à toute "nouvelle percée" de leur région et se sont prononcés en faveur d'une modernisation de la ligne existante Bayonne-Hendaye.
La suite du TGV Est. Inauguré en juillet 2007, le TGV Est doit être prolongé jusqu'à Strasbourg afin de parvenir à un trajet d'1 h 50. La ligne de 103 km, qui traverse les Vosges, est évaluée à 2 milliards d'euros. La convention de financement a été reportée fin août en raison d'un différend entre le conseil régional de Lorraine et le conseil général de Moselle à propos de la réalisation d'une nouvelle gare d'interconnexion à Vandières (Moselle).
Le choix de la ligne Provence-Côte d'Azur. Jean-Louis Borloo a tranché. Le ministre de l'écologie a retenu le tracé des "métropoles du Sud" pour le tracé de la ligne Provence-Côte d'Azur, qui devrait assurer la liaison Barcelone-Gênes, via Marseille, Toulon vers Nice, à 3 h 55 de Paris au lieu de 5 h 25 aujourd'hui. Ce tracé est en revanche plus complexe en raison de l'urbanisation de la côte et de la traversée des zones touristiques. Alors que des études plus précises vont être lancées avant la déclaration d'utilité publique, le montant de cet investissement était évalué, en 2008, à 10,4 milliards d'euros pour la ligne et à 4,9 milliards pour les aménagements d'ici à 2 040. Michel Delberghe
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